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"La cour de Babel", documentaire de Julie Bertuccelli sur une classe d’accueil : "un hymne à l’école de la République" (sortie le 12 mars 2014). Possibilité d’utilisation en classe

6 mars 2014

Documentaire de Julie Bertuccelli
La Cour de Babel

Ils viennent de Libye, de Chine, d’Ukraine, du Chili, de Serbie, de Mauritanie, d’Irlande, de Guinée. Ce sont des adolescents intégrés dans des établissements en France, et qui s’efforcent d’apprendre la langue, les codes. Julie Bertuccelli et sa caméra les ont suivis pendant un an. Sortie le 12 mars 2014.

En géologie, ce sont les failles qui révèlent les fonctionnements des couches qu’on ne voit pas dans un paysage ordinaire et familier. Dans le système éducatif, s’intéresser à des dispositifs hors de la machinerie ordinaire comme les classes d’accueil, c’est explorer les fondements mêmes de notre école : ce qui fait qu’on est élève, ce qui fait qu’on est enseignant, ce que l’on fait ensemble dans une classe.

Brigitte Cervoni a accueilli une année durant Julie Bertuccelli et sa caméra dans la classe où elle accompagne des adolescents de tous les continents dans leur apprentissage de la langue française. Ils arrivent de Libye, de Chine, d’Ukraine, du Chili, de Serbie, de Mauritanie, d’Irlande, de Guinée. Leurs parents sont venus en France à la recherche d’une meilleure situation économique, ou bien d’une protection politique, ou bien ne sont pas là, ayant confié leur enfant au réseau familial. Dans leur français hésitant, ils racontent leur dernier jour au pays, avant le départ, plus de tristesse que d’espoir. L’un joue du violoncelle, l’autre chante (remarquablement), certains n’ont jamais plongé dans une piscine, certains sont très à la peine en mathématiques, d’autres beaucoup plus à l’aise, moins gênés par la barrière de la langue pour manipuler des nombres. Lorsqu’ils apportent à la demande de leur enseignante un objet personnel, c’est le monde des croyances qui s’invite en classe, et une question finale : « on ne sait même pas si dieu il existe ! »

Ce film montre ces adolescents de tous les continents à qui l’on demande de devenir élève dans un collège français, qui s’y efforcent, tendus vers le jour où l’enseignante leur annoncera, enfin, leur prochaine intégration dans une classe ordinaire. Ils intègrent rapidement bien des codes et des exigences, fortement motivés par la perspective de réussite scolaire qu’on leur propose, désespérés à la perspective de redoubler, très soucieux des commentaires du bulletin que l’enseignante remet à leurs parents. Mais ils ne peuvent pas être que des élèves dans une salle de classe, tant ils portent avec eux les souvenirs de leur trajectoire de vie complexe, des conditions de vie souvent difficiles. Leurs relations sont particulièrement fortes, étroites quand ils partagent une langue d’origine et se soutiennent pour communiquer, pleines de curiosité devant l’étrangeté de la culture des autres, qui s’étale au tableau lorsque chacun écrit « bonjour » dans des langues à la graphie si différente. Ils peuvent être très seuls, comme cette jeune Chinoise quasi mutique, et au final très solidaires, lorsque l’une d’entre eux les quitte en cours d’année parce que sa mère a obtenu un logement quelque part en France en attendant le traitement de son dossier de demande d’asile.

Dans une telle classe, que peut une enseignante ? Elle leur enseigne des connaissances, le passé composé, la présentation d’un roman, l’expression orale. Mais elle fait aussi à la fois beaucoup moins et beaucoup plus : le film montre bien à quel point c’est au travers d’échanges entre pairs, au travers toutes les situations de communication quotidienne que les élèves progressent dans leur maitrise de la langue, et le font de façon impressionnante, autant qu’en se coltinant des exercices systématiques ; il montre bien également que son rôle est de les accueillir, au sens le plus fort du mot, de leur permettre de vivre côte à côte dans ce pays qui les reçoit, d’avancer dans leur parcours de vie cabossé, sans remplacer pour autant la famille, les services sociaux ou les animateurs culturels, mais en étant un peu tout cela aussi, tout de même.

Un moment fort du film est la remise d’un prix lors du festival du film scolaire de Chartres pour un film réalisé par la classe : une œuvre collective qui réussit à montrer à la fois ce qu’est le groupe, dans sa diversité d’origine, et ce qu’ils apprennent ensemble, dans la maitrise de la langue. On oublie alors les mesquineries du collège à la française : les notes, les bulletins scolaires, les convocations chez le principal, l’orientation qui, menaçante, se profile à l’horizon. On en retient qu’il peut se produire dans les murs de notre école des miracles éducatifs : des enfants si divers, qui apprennent en quelques mois à cheminer ensemble dans un monde nouveau.

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Extrait du site des Cahiers pédagogiques : La Cour de Babel

A consulter : le dossier pédagogique rédigé par deux enseignants de collège, l’un d’histoire-géographe, l’autre de CLA. Il propose des pistes pour étudier le film en classe avec des élèves.

 

La langue au service de la création

Dans « La cour de Babel », Brigitte Cervoni a accueilli une année durant Julie Bertuccelli et sa caméra dans la classe où elle accompagne des adolescents de tous les continents dans leur apprentissage de la langue française. Brigitte Cervoni avait écrit pour nous un article sur ce même sujet, dans le numéro "Enfants d’ailleurs, élèves en France" (N° 473) de notre revue. Voici cet article.

La simulation globale est un scénario cadre qui permet à un groupe d’élèves ou une classe entière de créer un univers de référence, un village par exemple, de l’animer de personnages en interaction, et d’y simuler toutes les fonctions du langage. Sa dynamique engendre une multiplicité de personnages, d’événements prévus ou déclenchés par le professeur à des fins d’exploitation pédagogique. Au-delà de la maîtrise de la langue, tous les apprentissages inscrits au programme des différentes matières peuvent s’y ajouter. Ce projet d’invention collective d’un univers fictif mais vraisemblable fonctionne selon deux principes fondamentaux :

- La construction d’un «  lieu thème  » fédérant les activités pédagogiques.
- La construction d’identités fictives créées et incarnées par les participants.
[...]

La langue au service de la création

 

[...] Evoquant les élèves, devenus sous son regard des personnes et des personnages, la cinéaste constate : « Tous sont des enfants courageux, matures, qui portent des responsabilités très lourdes et affrontent leur destin ». Nous revient alors en écho l’affirmation d’une élève : « Je suis venue en France pour être une femme libre ». « La cour de Babel » démontre, simplement, comment une classe d’accueil devient le creuset de ce désir d’émancipation et accomplit la promesse de l’école républicaine.

Extrait de L’Expresso du 05.03.2014 : "La cour de Babel " : Un hymne à l’école de la République

 

L’expérience de "La Cour de Babel" peut-elle éclairer nos salles de classe ? Aujourd’hui professeure de lettres en collège, Nathalie Gandel a enseigné pendant plusieurs années en classe d’accueil. Elle prépare une thèse sur "les démarches plurilingues et interculturelles en classe d’accueil". Elle réagit au message de La Cour de Babel et explique pourquoi ce film s’adresse à tous.

Extrait de Cafepedagogique.net du 05.03.2014 : La Cour de Babel : Le regard de l’enseignante

 

Le ministre de l’éducation nationale a assisté le 5 mars à la projection de La Cour de Babel, un film sur le quotidien d’une classe d’accueil. Il a saisi l’occasion pour vanter les valeurs républicaines d’ouverture à l’autre et d’égalité.

Extrait de cafepedagogique.net du 06.03.14 : Peillon rend hommage à la Cour de Babel et aux classes d’accueil

 

Le docu­men­taire La Cour de Babel met en scène des enfants venus des quatre coins du monde : Libyens, Serbes, Chinois, Brésiliens ou encore Ukrainiens… Tous ont quitté leur pays d’origine pour venir étudier en France au col­lège de la Grange aux Belles à Paris. Durant un an, Julie Bertuccelli a suivi une classe d’accueil aux reli­gions, à la langue et aux cultures différentes.

[...] Comment l’envie vous est venue de réa­li­ser un docu­men­taire sur les classes d’accueil ?

C’est un peu un hasard. C’est vrai que cela fai­sait long­temps que la ques­tion des étran­gers me tenait à cœur. Mais l’idée m’est venue quand j’étais pré­si­dente d’un jury d’un fes­ti­val de film sco­laire orga­nisé par la mai­rie de Paris. La classe de Brigitte Cervoni (pro­fes­seur de fran­çais au col­lège de la Grange aux Belles) y par­ti­ci­pait. J’ai trouvé ça incroyable de voir 20 enfants de tous les pays du monde avec cha­cun leurs accents, leurs visages... C’était comme une sorte de carte pos­tale vivante ! De plus, les ima­gi­ner tous ensemble pas­ser une année sco­laire à tra­vailler et à réa­li­ser un film, m’a encore plus moti­vée. J’avais prévu une année de repé­rage dans plu­sieurs col­lèges. Mais à la ren­trée sco­laire lorsque je suis allée rendre visite à la nou­velle classe de Brigitte, une ensei­gnante excep­tion­nelle, j’ai encore eu un coup de cœur : c’est rare de voir autant de pays repré­sen­tés dans une même classe. Je sou­hai­tais tour­ner le plus rapi­de­ment possible ! [...]

Extrait de vousnousils.fr du 05.03.14 : "J’ai été bouleversée, c’est rare de voir autant de pays représentés dans une même classe"

 

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