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28/09/05 - Une "élève ZEP » de Sciences-Po commence sa 5ème année

28 septembre 2005

Extrait du « Monde » du 28.09.05 : Aurélia Makos, promotion ZEP

Evidemment, on ne voyait qu’elle dans les rangs sages de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris. Un des temples de l’élitisme républicain ouvrait ses portes, après des mois de débats passionnés, à quelques lycéens issus de zones d’éducation prioritaire (ZEP), et Aurélia Makos, 18 ans, se présentait crânement à Sciences Po les cheveux teintés en orange fluorescent. C’était en septembre 2001, pour la rentrée de la première promotion d’élèves recrutés grâce à un concours réservé à des lycéens de ZEP.

La France intellectuelle se divisait sur l’initiative de Sciences Po : moyen de diversifier l’origine des étudiants, selon les uns ¬ dont le directeur de l’IEP, Richard Descoings ¬, atteinte au principe de sélection au mérite, selon les autres. Aurélia Makos, elle, arrivait, portée par une "immense fierté" , avec la ferme intention de rester elle-même et de prouver que l’IEP avait eu raison de lui ouvrir ses portes.

Quatre ans plus tard, alors qu’elle entame sa cinquième et dernière année d’études à Sciences Po, l’ancienne lycéenne de Fameck (Moselle) sourit en évoquant ce souvenir. L’opération est, pour elle, une réussite totale. Comme 15 des 17 "lycéens ZEP" de cette première promotion, elle a franchi les années sans encombre, mais après un travail "énorme" et un soutien intensif des enseignants. Ses résultats sont aujourd’hui jugés excellents. Elle n’a plus qu’à réussir son stage de cinquième année pour obtenir le diplôme de l’IEP.

(...)

L’impact de son parcours à l’IEP dépasse sa seule personne. Cyril Delhay, le responsable du projet ZEP à Sciences Po, se souvient du témoignage de la jeune femme lors d’un colloque en 2004. "A la fin, plusieurs personnes sont venues la voir. Ils la remerciaient en lui disant qu’elle leur redonnait de l’espoir sur l’égalité des chances." David Colon, professeur d’histoire à l’IEP, insiste sur la "découverte réciproque" entre les étudiants ZEP et les autres. "Comme tous les élèves ZEP, Aurélia a apporté un regard sur les questions sociales qui était nourri de son expérience personnelle."

En stage depuis le 1er septembre au sein de la direction "emploi" du groupe Suez, Aurélia Makos n’a plus les cheveux orange. Elle porte un ensemble sombre qui ne jure pas dans les allées du grand capital. Elle a conservé un piercing près de l’oreille gauche et des cheveux noirs joyeusement en pétard. Peu importe pour son employeur : Suez a explicitement recruté cette excellente étudiante pour améliorer, au sein du groupe, la diversité sociale et ethnique.

Luc Bronner

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