Les Assises ZEP nationales de Rouen (1998) dans la presse

4 juin 1998

Un dispositif laissé en déshérence. Rouen accueille des assises nationales.

Projet phare de la politique éducative de gauche, les zones
d’éducation prioritaires (ZEP) sont au menu des assises nationales qui s’ouvrent aujourd’hui à Rouen. Plus de 2 000 représentants de l’ensemble du système éducatif, participeront pendant deux jours à une série d’ateliers sur les conditions d’enseignement auprès des publics défavorisés. Lionel Jospin, qui prononcera demain le discours de clôture de ces assises, avait demandé dans sa déclaration de politique générale du 17 juin 1997 que « des moyens supplémentaires soient mobilisés pour les ZEP ».

Mises en place en 1982 par Alain Savary, les ZEP avaient constitué une innovation capitale : pour la première fois dans le service public, il était décidé, au nom du principe de « discrimination positive », de donner plus à ceux qui ont moins, plus de moyens pédagogiques pour les élèves et un avancement accéléré pour les enseignants.

Quinze ans plus tard, alors que 11% des écoliers et collégiens sont scolarisés en ZEP, il paraît urgent de relancer ce dispositif laissé en déshérence par les gouvernements Balladur et Juppé. Dans plusieurs académies, la discrimination positive n’a pas permis de sortir de la spirale de l’échec scolaire. En Ile-de-France ou à Marseille, ces résultats décevants sont à mettre au compte de l’absence de pilotage et de la taille excessive de certaines ZEP, qui regroupent parfois jusqu’à 10 000 élèves.

Les audits montrent (lire ci-contre) que l’accueil en maternelle dès 2 ans constitue un déterminant majeur contre l’échec scolaire. La ministre déléguée à l’Enseignement scolaire, Ségolène Royal, a déjà indiqué que le développement de la scolarisation précoce serait l’une des priorités de son plan de relance des ZEP.
Pour la ministre, la principale difficulté sera de procéder à l’indispensable révision de la carte des ZEP. Car les établissements ne se laisseront pas déposséder sans réagir des avantages qui leurs ont été accordés. Depuis la mise en place du dispositif, les classements en ZEP ont été décidés selon des critères variables et parfois incohérents. Faute d’arbitrages nationaux en faveur d’un rééquilibrage, les recteurs successifs de l’académie de Créteil n’ont pu procéder aux ouvertures nécessaires. Cette injustice explique en partie la fronde des enseignants de Seine-Saint-Denis, département notoirement déficitaire en discrimination positive.
AUFFRAY Alain

Extrait de liberation.fr d 04.06.1998 : Un dispositif laissé en déshérence

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