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Les classes puzzle aux Etats-Unis : une autre méthode pour intégrer les minorités à l’école (Thot Cursus)

22 janvier 2014

Les classes puzzles pour intégrer les minorités à l’école

Après 1954, date à laquelle la ségrégation scolaire fut abolie aux Etats-Unis, tout le monde espérait que l’homogénéisation de la société s’effectuerait naturellement et en douceur, en particulier grâce au rôle crucial de l’école. Malheureusement, les choses ne se sont pas passées aussi simplement. Et il fallut plus de 15 ans pour qu’une nouvelle technique d’enseignement soit promue, de manière à faciliter l’intégration sociale et la réussite scolaire de tous. Cette technique, c’est la jigsaw classroom (classes en puzzle), créée par Elliot Aronson.

De la compétition à la collaboration
Elliot Aronson et ses collègues ont remarqué que le principal frein à l’intégration des élèves issus des groupes anciennement discriminés ne tenait pas tant à l’origine ethnique des élèves, mais au caractère compétitif de l’enseignement dans les écoles américaines l’école : chaque élève travaille pour lui-même et les meilleurs sont cités en exemples alors que les élèves en difficulté sont pointés du doigt, voire ridiculisés. Pour Aronson, ce climat malsain nuit au développement des enfants.

Il a donc songé à une approche qui favoriserait la coopération et le rapprochement entre les élèves. Ce modèle est appelé jigsaw (puzzle : il est nécessaire que chaque morceau du puzzle trouve sa place pour reconstituer l’image ; de la même façon, chaque élève doit avoir sa place pour que tous réussisse leur apprentissage dans une classe.

Le principe de la classe en puzzle rompt donc radicalement avec les pratiques scolaires dominantes, aujourd’hui encore. Le site officiel explique bien la philosophie qui sous-tend cette pratique et donne des trucs pour l’appliquer dans sa classe.
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Globalement, la technique se traduit par :
- La création de groupes d’apprentissage composés de 4 ou 6 élèves.
- Le travail distribué dans les groupes, chacun des membres devant accomplir une tâche particulière. Dans tous les groupes, on retrouve les mêmes postes.
- La création de groupes "experts", composés des représentants d’une tâche donnée dans tous les groupes, qui partagent leurs résultats de manière à ce que tous soient au même niveau (absence de compétition).

Un cours d’histoire, par exemple, s’intéresse à la Deuxième Guerre mondiale. L’enseignant va constituer des groupes d’apprentissage et chaque membre devra rechercher de son côté des informations sur un aspect spécifique de ce conflit : la montée d’Hitler en Allemagne, la guerre du Pacifique, l’occupation en France, les débarquements des Alliés, etc. Il devra donc préparer la meilleure recherche possible pour ensuite l’expliquer aux personnes de son équipe. Pour s’assurer de la qualité des travaux, les élèves des différents groupes qui avaient le même sujet de recherche forment aussi des groupes experts. Ainsi, tous ceux qui doivent chercher sur la guerre du Pacifique partagent ensemble leurs trouvailles et collaborent avec les autres « experts ». Cette étape permet à tous d’avoir une recherche de qualité qu’ils peuvent donner à leur groupe d’apprentissage et les élèves plus « faibles » pourront être aidés par les autres.

Conséquemment, toutes les préjugés sociaux et interculturels s’atténuent puisque les élèves doivent travailler ensemble et que tous ont des responsabilités équivalentes. Le rôle du professeur est de superviser le travail et de s’assurer que les relations dans les groupes soient bonnes, qu’il n’y ait personne qui domine totalement les autres ou qui soit dissipé. À la fin des sessions d’apprentissage dans les groupes, il procède à un contrôle des connaissances, sous forme de questionnaire oua autre.

Évidemment, une telle technique n’est pas parfaite. Il y a des écueils. Ils sont d’ailleurs notés sur le site officiel. Par exemple, cette approche est très difficile à mettre en place chez des enfants qui n’ont connu que le modèle compétitif habituel de l’école. Ainsi, il n’est pas conseillé de commencer ce type d’apprentissage avec des adolescents, trop habitués à la compétition.

Il y a dans la méthode d’Elliot Aronson quelque chose de très intéressant. Bien que créée dans les années 70, elle est toujours d’actualité, particulièrement dans des sociétés occidentales de moins en moins homogènes, que l’on parle ici de disparités culturelles ou des écarts de connaissances souvent importants dans une même classe. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant de voir des centaines d’écoles américaines utiliser cette approche, qui connaît aussi des émules dans d’autres pays.

Site officiel de la méthode Jigsaw classroom

L’article Jigsaw classroom en français sur Wikipedia

Extrait du site Thot Cursus du 25.02.2013 : Les classes puzzles pour intégrer les minorités à l’école

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