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Education prioritaire : Marc Douaire, président de l’OZP, interviewé par une dizaine d’organes de presse

17 janvier 2014

Dans l’ordre chronologique de leur mise en ligne

Entretien avec Marc Douaire, président de l’Observatoire des zones prioritaires.

La Croix . Le gouvernement a précisé, jeudi 16 janvier, une série de mesures en faveur de l’éducation prioritaire. Faut-il y voir une relance du dispositif ou une vraie refondation ?

Marc Douaire : Plutôt d’une relance. On met l’accent sur la pédagogie, on veut s’appuyer sur les pratiques des équipes qui réussissent (il y en a !), on mise sur le collectif. Mais les moyens sont encore limités : il n’est par exemple prévu que trois jours de formation par an pour les professeurs qui interviennent dans les établissements les plus défavorisés… Il faudra aussi veiller à mieux coordonner le dispositif avec l’intervention des autres ministères, notamment celui de la ville.

Le ministre de l’éducation Vincent Peillon entend concentrer les efforts sur 350 réseaux de l’éducation populaire, qui seront nommés « Rep + ». Une bonne idée ?

M.D. : Oui, mais c’est déjà, peu ou prou, la logique des Réseaux ambitions réussite, devenus, il y a quelques années, « Éclair »… Le problème, c’est qu’en trois décennies, on a labélisé « éducation prioritaire » de nouveaux établissements à chaque fois que s’y posaient des problèmes d’apprentissage ou de violence, au lieu de chercher à les résoudre dans le cadre ordinaire. Résultats : beaucoup restent classés « ZEP » sans vraie justification tandis que d’autres, qui auraient besoin de plus de moyens, se trouvent à l’extérieur du dispositif. Très clairement, il faudrait revoir la géographie de l’éducation prioritaire. En corollaire, il faudrait aussi revenir sur l’assouplissement de la carte scolaire qui avait été décidée sous Sarkozy et qui a essentiellement profité aux initiés. Mais cela suppose, comme le font déjà un certain nombre de communes, de définir de manière très fine la sectorisation pour assurer une mixité sociale dans les établissements. Et aussi d’améliorer la qualité de l’offre dans les ZEP en y implantant des filières d’excellence qui leur redonnent une attractivité.

Le ministère va augmenter de 50 %, voire dans certains cas doubler la prime versée aux professeurs de ZEP. Qu’en dites-vous ?

M.D. : Les professeurs de ZEP sont attachés à cette prime, car, même modique (NDLR : environ 90 € par mois), elle constitue à ce jour la seule reconnaissance de leur travail. Pour autant, ils n’avaient pas fait de son augmentation une revendication. Renforcer l’attractivité de leurs établissements passe bien davantage par une amélioration de leurs conditions d’exercice du métier. Et en ce sens, les décharges horaires (NDLR : 1 h 30 par semaine pour les titulaires du Capes) dont bénéficieront les enseignants pour travailler en équipe sont les bienvenues. La création d’un nouvel échelon auquel pourront accéder plus facilement les professeurs de ZEP va aussi dans le bon sens.

Recueilli par DENIS PEIRON

Extrait de lacroix.fr du 17.01.14 : Il faudrait revoir la carte de l’éducation prioritaire

 

[...] « C’est un premier pas, mais ce n’est pas une réforme d’une ampleur inédite, tempère le président de l’Observatoire des zones prioritaires (OZP), Marc Douaire. Les trois jours de formation annuels accordés dans les réseaux les plus difficiles ou les neuf jours par an pour que les professeurs des écoles puissent avoir du temps pour travailler ensemble ne sont pas à la hauteur de l’ambition affichée ».

Autre critique, la carte de l’éducation prioritaire « n’est pas revue », ajoute Marc Douaire.

Extrait de lesechos.fr du 16.01.14 : 300 à 400 millions d’euros affects aux zones d’éducation prioritairie

 

[...] "Toutes ces ruptures perturbent énormément la vie des acteurs. Il est indispensable que cette réforme soit réellement suivie par le gouvernement, qu’il s’engage sur dix ou quinze ans", note l’Observatoire des zones prioritaires (OZP)

[...] "Jusqu’à présent, les temps de concertation avec les autres acteurs, d’autant plus indispensables là où les situations sont problématiques, reposaient sur le bénévolat et le volontariat, renchérit Marc Douaire, président de l’OZP. L’effort de démocratisation ne peut reposer que sur le bénévolat ! Et de saluer "une mesure qui peut également répondre au manque d’attractivité du métier. C’est une vraie reconnaissance du travail des personnels."

Extrait de lepoint.fr du 16.01.14 : Education prioritaire : pourquoi le plan d’attaque de Peillon séduit

 

MARC DOUAIRE. Depuis 1990, l’Observatoire de l’éducation prioritaire s’est imposé comme un espace de réflexion sur le sujet. Entretien avec son président.

Président de l’Observatoire des Zones Prioritaires, créé en 1990, Marc Douaire a participé activement aux débats sur cette question préparant la réforme présentée aujourd’hui.

Que l’éducation prioritaire fasse à nouveau l’objet d’attention ministérielle, cela vous inspire quoi ?

C’est une excellente chose et notamment pour les jeunes et les familles concernées d’autant que cette Education prioritaire avait bien failli disparaître. En 2007, le candidat Sarkozy avait demandé sa suppression pure et simple, sans bilan. Les résistances de terrain ont permis d’éviter le pire. Mais en 2010, Luc Chatel sans le moindre bilan non plus, a lancé les programmes ECLAIR dont l’ambition était la déréglementation et la libéralisation. Ceci posé, depuis 30 ans, l’Education prioritaire n’a été que discontinuité, une politique de ON/OFF interdisant tout bilan sérieux.

En 1982, l’Education Prioritaire était soustendue par une haute ambition pour tous les enfants. Cela est-il encore possible aujourd’hui, dans un monde devenu très libéral où le consommateur est plus prisé qu’un citoyen éclairé ?

J’ai la faiblesse de penser que nous avons toujours l’ambition de former des citoyens éclairés. Mais la création des ZEP par Alain Savary répondait aussi à une dérive de l’école républicaine permettant à des « classes d’handicapés sociaux » d’exister, je cite là un intitulé officiel.

Notre boussole, ce sont les résultats de l’enquête PISA. Au-delà des intérêts de telle ou telle CSP et des opinions des uns ou des autres, les écarts sociaux dans les résultats scolaires, l’inégalité de notre système, sont insupportables. L’école ne doit pas seulement former une élite. D’où la nécessité d’une refondation totale du système pour promouvoir l’égalité face au droit à l’éducation et l’information.

La question des moyens provoque des commentaires divers dans le corps enseignants sachant que le gouvernement a d’ores et déjà quasiment annoncé des moyens constants. Mais comment se fait-il que l’Education prioritaire concerne 1 élève sur 5 et ne concentre que 1,5% du budget de l’Education nationale ?

Parce qu’elle ne coûte pas cher, bien moins que les options dans les lycées ou les classes prépas ! Si tout le monde s’accorde à qualifier les moyens d’insuffisants en regard du nombre de ZEP, beaucoup reconnaissent aussi que l’extension des cartes ZEP n’a pas été cohérente. Que 19% des écoliers et 20% des collégiens soient en ZEP pose problème. Trop de priorités tue la priorité. Il faut donc recentrer les actions, mettre le paquet sur environ 20% des 1100 à 1200 réseaux existants, sur 300 à 350 réseaux déjà repérés d’ailleurs, sur Créteil, Versailles, Lille, Lyon, Aix-Marseille...

Mais de seuls moyens supplémentaires ne sauraient garantir une réussite. Celle-ci passera par un changement des pratiques professionnelles. Un maître, une classe, une discipline est un système dépassé. En tous cas, il ne fabrique que de l’élite et ne permet pas de répondre au défi de la démocratisation.

Les enseignants sont aussi demandeurs de temps ?

Plus précisément de temps pour le travail collectif. Il faut prendre en compte la réalité de l’exercice professionnel, comprendre qu’il ne se limite pas au temps de présence en classe, qu’il se décline aussi en réflexion et intervention avec les collègues, avec les collectivités, avec les familles. C’est un point qui fait consensus chez les enseignants, bien plus que les questions d’effectifs par exemple qui, elles, provoquent beaucoup de divergences.

Il faut évidemment attendre les annonces du ministre mais il semble que, pour la première fois, une fenêtre soit ouverte pour prendre ce temps en considération dans les obligations de service.

Où positionnez-vous le curseur du minimum commun à donner à tous les élèves ?

L’ambition commune doit porter sur la réussite des enfants et sur le fait qu’ils doivent avoir confiance en eux. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Il faut travailler sur les acquisitions et ne pas se cantonner à un programme encyclopédique qui au final ne vise qu’à produire une élite. Il faut revoir les méthodes, les programmes, les façons de travailler des élèves et tout cela de A à Z. La rupture entre primaire et collège n’a plus de sens. Le collège est toujours vu comme un petit lycée et cela non plus n’a plus de sens. Si l’école n’est pas capable de se transformer, on aura à terme un risque réel d’implosion du système public d’éducation.

entretien réalisé par Angélique Schaller

Extrait de lamarseillaise.fr du 16.01.14 : Un maître, une discipline, une classe, un système dépassé

Selon Marc Douaire, le président de l’Observatoire des zones prioritaires, la principale avancée de cette réforme sera de « rendre l’éducation prioritaire plus attractive pour les enseignants », avec notamment une revalorisation de leurs indemnités. Pour l’instant, les professeurs de ZEP, très souvent en début de carrière, sont parmi les moins bien payés de France.

Extrait de leparisien.fr du 16.01.14 : Vincent Peillon : Toute l’éducation prioritaire est concernée par la réforme

 

"Ce plan va dans le bon sens", nous dit Marc Douaire, président de l’Observatoire des zones prioritaires, une association qui regroupe de nombreux enseignants et coordonnateurs des zones prioritaires. "La décharge horaire reconnait que dans ces réseaux le métier d’enseignant comprend autre chose que le face à face pédagogique, qu’il comprend aussi le suivi des élèves, la construction de projets avec les collègues, le suivi des relations avec les associations et les collectivités locales. Cette mesure peut faciliter la stabilisation des équipes beaucoup plus que le doublement de l’indemnité annuelle".
Mais pour qu’elle ait de l’effet, l’OZP demande qu’elle soit complétée dès la prochaine rentrée de stages de formation. "On veut aussi un pilotage national par la Dgesco", souligne M Douaire, "avec une relance des Carep", les centre de ressources pour l’éducation prioritaire, tombés en sommeil à de nombreux endroits. C’est poser la question du vivier de formateurs pour animer et accompagner les réseaux. Où les trouver ?

Extrait de cafepedagogique.net du 16.01.14 : Education prioritaire : Le plan Peillon

 

"Il y a une relance de l’éducation prio­ri­taire, qui se veut ambi­tieuse", avec des décharges horaires pour les ensei­gnants "pour du tra­vail col­lec­tif, les rela­tions avec les familles", qui ne devraient pas "repo­ser sur du béné­vo­lat", a salué Marc Douaire, pré­sident de l’Observatoire des zones prio­ri­taires (OZP).

"L’éducation prio­ri­taire revient de loin. L’exigence qu’on peut avoir, c’est qu’au-delà des dis­cours, ça dure. Parce que l’histoire de l’éducation prio­ri­taire, c’est un peu du +on-off+".

Extrait de vousnousils.fr du 15.01.14 : Education prioritaire : Syndicats et parents d’élèves saluent une relance

 

« Il y a eu un empilement depuis trente ans de conceptions politiques autour de l’éducation prioritaire », souligne Marc Douaire, le président de l’Observatoire des zones prioritaires. Pour son concepteur Alain Savary, le ministre de l’éducation de François Mitterrand, cette politique s’inscrivait dans une logique de territoire et associait donc naturellement les collectivités locales et les associations.
Ministre déléguée à l’enseignement scolaire sous Jospin, Ségolène Royal a initié, quant à elle, un recentrage sur les établissements. « On est dans des situations de villes périphériques pour lesquelles le gouvernement acte qu’il ne peut pas grand-chose,
Plus récemment, la droite a développé une logique de promotion de la réussite individuelle dans les ZEP dont Nicolas Sarkozy estimait qu’il était d’ailleurs temps qu’elles « déposent le bilan ». Il n’y a plus d’aspiration à la promotion d’une classe d’âge dans son ensemble mais il s’agit juste d’offrir une planche de salut aux élèves méritants à travers différents dispositifs : internats d’excellence, convention ZEP-Grandesécoles...
La création du label ECLAIR (pour les établissements les plus difficiles de l’éducation
prioritaire) sous le précédent quinquennat est à ce titre (l’UMP ne s’en est d’ailleurs jamais cachée) moins une énième relance de cette politique qu’une expérimentation grandeur nature des vertus d’une gestion managériale et libérale dans l’éducation (lire
aussi notre article).
« L’une des difficultés, c’est que ces conceptions ne se sont pas annulées entre elles, elles se sont emboîtées », relève Marc Douaire.

Extrait de mediapart.fr (Lucie Delaporte) du 15.01.14 : Education prioritaire : faut-il réanimer le malade ?

 

"Les ministres successifs n’ont pas continué la politique de leurs prédécesseurs", souligne Marc Douaire, président de l’Observatoire des zones prioritaires (OZP). "Il était temps de tout mettre à plat, en tenant compte de l’histoire et en l’inscrivant dans la durée."

Extrait de lepoint.fr du 15.01.14 : Des moyens pour les ZEP

 

Certains établissements devraient toutefois sortir progressivement du dispositif, en toute discrétion. Ceux qui se sont embourgeoisés. Pour l’observatoire des zones d’éducation prioritaires, 2 à 3 % des établissements seraient dans ce cas. À Paris et à Lyon, certains quartiers autrefois très défavorisés accueillent parfois aujourd’hui 75 % d’enfants de familles aux revenus moyens !

Extrait de lefigaro.fr du 15.01.14 : ZEP : les effets pervers d’une mesure vieille de 30 ans

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