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Soyaux, Roumazières, Angoulême, Cognac concernés

Rapport INSEE : Des enseignants de Charente défendent les ZEP

21 septembre 2005

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Extrait de « La Charente libre » du 20.09.05 : Charente : les enseignants défendent les ZEP

Une étude de l’Insee met en cause l’efficacité des Zones d’éducation prioritaire, qui concernent plus de 2 600 élèves en Charente. Les enseignants contestent.

Un pavé dans la mare de l’Éducation nationale. Selon une étude de l’Insee, publiée la semaine passée, le système des ZEP (zones d’éducation prioritaire) pratiqué depuis plus de 20 ans « n’a eu aucun effet significatif sur la réussite des élèves ». Ce constat de trois chercheurs arrive au moment où le ministre Gilles de Robien prévoit de rouvrir le « dossier ZEP » par une « évaluation en 2005 et une relance en 2006 ».

Ce premier système de « discrimination positive » en France concerne quatre secteurs en Charente : le Champ de manœuvre à Soyaux (1.039 élèves), Basseau-La Grande-Garenne à Angoulême (455 élèves), Crouin à Cognac (758 élèves) (1) et Roumazières (403 élèves).

Efficace ou inefficace ? Le débat est ouvert. Guy Larchevêque et Joël Olliveaud, principaux des collèges de la Grande-Garenne et Roumazières, penchent pour la première hypothèse. A la Grande-Garenne, le taux de réussite au brevet est passé de 50% à 80% en cinq ans. A Roumazières, les « sixièmes », issus des catégories sociales les plus défavorisées sont les plus en retard, à leur arrivée au collège. Un retard comblé en « troisième » même si le taux d’orientation vers les secondes professionnelles reste élevé.

Projets communs avec les écoles, voyages, ouvertures sur le patrimoine local, l’argile en Haute-Charente, la BD à Angoulême : l’équipe pédagogique met le paquet pour améliorer l’ordinaire, en multipliant les contacts avec les parents. « J’essaie de compenser le déficit de communication en les recevant dans mon bureau. C’est aussi comme ça que l’on avance », observe Joël Olliveaud. Personnalité et stabilité des encadrants sont des gages de réussite.
Pour Catherine Lavauzelle, la plus ancienne coordinatrice ZEP du département, instit’ sur Soyaux depuis 23 ans, les statistiques sont aléatoires face « à une population scolaire aussi mouvante ».

Un travail collectif pour éviter les ghettos

Les résultats sont souvent liés aux caractéristiques de ces zones. A Soyaux, plus de 40% des nouveaux arrivants bénéficient des minima sociaux. « En accélérant la concentration de population en difficulté, on rend la tâche plus difficile encore. »

Aux pourcentages (obtention d’un diplôme, passage en seconde... etc.), Catherine Lavauzelle oppose une réalité. La sienne. « Je me promène sans souci dans un quartier vivant et coloré. Ce n’est pas grâce à l’Éducation nationale mais ce ne serait pas fait sans l’Éducation nationale. On travaille ensemble avec les services sociaux, la municipalité, la justice, les associations, pour que les enfants réussissent à construire un projet de vie. On essaie de ne jamais leur faire perdre confiance par les arts, les sports, l’écriture, la lecture. Mais il faudrait aussi que les autres populations fassent des efforts pour éviter les ghettos ».

Cette réflexion de Catherine Lavauzelle est corroborée par l’étude de l’Insee. Où il apparaît que les enseignants et les parents participent à la « stigmatisation » de ces quartiers et de ces établissements en les boudant au profit d’autres, de meilleure réputation.

Comment améliorer le fonctionnement de ces ZEP ?

La Sojaldicienne a planché sur la question avec ses collègues. Réponses.

 1. La nomination de gens motivés, quel que soit leur âge. « A Soyaux, il y a des débutants qui ont l’énergie et la foi ». Il ne faut pas limiter pour autant le recrutement aux jeunes, moins chers et moins exigeants. Gilles de Robien envisage d’accorder des primes aux enseignants pour stabiliser les équipes éducatives.

 2. Renforcer le maillage éducatif pour que les familles soient moins livrées à elles-mêmes. Exemple récent. « Un petit bout est arrivé en classe en disant qu’il avait fini sa nuit chez sa mamie. Son papa était rentré en criant et tapant trop fort. Il n’y a pas de corrélation directe avec les résultats mais il faut en tenir compte dans l’acte d’enseigner ».

 3. Montrer la diversité des réussites. Deux exemples au hasard : une ancienne punk devenue couturière de mode chez Jean-Paul Gautier ; un jeune garçon sorti de classe de perfectionnement, jardinier à la Ville. « Il est heureux ; la réussite, ce n’est pas forcément d’être PDG ».

L’épanouissement des élèves passe souvent par l’accès à la documentation, à la culture ; des ateliers, des cours de soutien... etc. Tout ça demande aussi des moyens.
La faiblesse de la médecine scolaire, la perte des aides-éducateurs, la réduction de la manne de l’État pour des projets fédérateurs, la fermeture d’une classe dans ces secteurs sensibles, comme à la maternelle des Borderies à Cognac (2), sont ressenties comme de véritables trahisons. « Il ne faudrait pas lésiner sur le personnel lorsqu’on a une majorité de petits. Une maîtresse pour 28 enfants, c’est trop peu lorsqu’on veut avoir des activités de groupe » note la directrice des Borderies, en risquant un parallèle avec les crèches et garderies où le taux d’encadrement passe à une personne pour cinq enfants.

Il y a toujours mieux à faire. « En ZEP, 21 élèves par classe, ce que l’on a, c’est vraiment la limite. 18 élèves, ce n’est pas choquant » estime Catherine Lavauzelle.
La scolarisation des deux ans est également mise en avant par l’enseignante et le rapport de l’Insee. L’éducation prioritaire commence au berceau et personne ne sait quand elle se termine.

(1) 758 élèves, ce sont les effectifs de l’an passé, ceux de cette rentrée ne sont pas connus.

(2) La maternelle des Borderies compte 77 élèves pour 3 classes

Sylviane Carin

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