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J.-M. Ayrault fixe deux priorités, la réussite de tous et l’innovation, et regrette que les efforts en éducation prioritaire depuis trente ans aient été "peu accompagnés d’une véritable innovation pédagogique"

23 août 2013

1- La réussite de tous est désormais le premier devoir de notre institution scolaire.
Nul ne conteste que la scolarisation de masse ait été réussie. Mais chacun peut constater que le modèle pédagogique sur lequel elle a été construite fonctionne bien pour 80% des élèves. Cela ne suffit pas. Nous ne réussirons pas le pari de l’efficacité sans réussir aussi le pari de la justice. Nous devons tout faire pour favoriser aussi la réussite des 20% restants. C’est à travers cet objectif que doit désormais se mesurer l’efficacité de l’école.
L’école doit assumer pleinement le fait que l’échec scolaire relève de sa responsabilité. Ce n’est pas une fatalité pour les enfants nés dans des familles culturellement et socialement défavorisées. Ce n’est pas non plus un résidu marginal, qu’il s’agirait de réduire encore pour qu’il passe inaperçu. Non, dans certains quartiers, la réalité dominante est celle de l’échec scolaire, faute d’une organisation et d’un modèle adaptés. [...]

2- Cela ne se fera pas sans innover, car l’innovation est au cœur de la démarche pédagogique.
Nous le savons, le modèle normatif de la classe, si efficace pour réussir la scolarisation de masse, doit être adapté en permanence à la diversité du public accueilli. Ce qui me frappe le plus lorsque je regarde les efforts qui ont été faits depuis trente ans dans l’éducation prioritaire, c’est qu’ils ont été peu accompagnés d’une véritable innovation pédagogique. Nous savons tout ou presque sur ce qui différencie nos quartiers difficiles du reste du territoire. Nous ne savons rien ou presque sur la façon dont il faut y enseigner pour faire reculer l’échec scolaire.

C’est là, Mesdames et Messieurs, qu’il faut porter le fer. C’est là qu’une nouvelle alliance doit se nouer, au sein des équipes pédagogiques, mais également avec le monde de la recherche.
Là où les regards de maîtres différents se croisent, là où la part du travail collectif s’accroît, la vision est plus pertinente et l’action plus efficace. Quand le ministre plaide, à juste titre, pour « plus de maîtres que de classes », c’est un pas important dans cette direction.

Extrait de gouvernement.fr du 22.08.13 : Discours de Jean-Marc Ayrault aux recteurs et directeurs académiques des services de l’Education nationale

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1 Message

  • Plusieurs points de réflexion, en réponse à ce constat de M. le Premier ministre.

    Le premier, c’est qu’en effet, la difficulté scolaire liée à des troubles (ASH entre autres) est plutôt connue - il existe d’ailleurs une assez importante littérature sur le sujet.
    En revanche, ce qui relève de la difficulté "ordinaire", celle que tout le monde rencontre face à une nouveauté, n’est quasiment jamais traitée. Il est normal, dans le processus des apprentissages, de rencontrer des difficultés. Lorsque celles-ci sont levées, on peut dire schématiquement qu’il y a eu apprentissage et que la connaissance ou la compétence est procéduralisée. Or, on attend bien souvent que l’élève soit non pas en difficulté, mais en décrochage pour mettre en oeuvre un "soutien", stigmatisant par essence, malgré toute la bonne volonté des maîtres...
    L’innovation, ainsi, tiendrait plus en ce qui relève de l’estime des élèves, de la vision de ce qu’est la "réussite" et d’un véritable changement de paradigme au niveau du monde enseignant, qui aurait peut-être à gagner en considérant l’enfant non seulement comme un élève (avec les grilles de compétences, etc.) mais aussi comme un être en formation, inscrit dans un parcours scolaire et de vie.
    Les leviers de la motivation au travail des élèves, il ne faut pas les chercher loin : au-delà du jeu (méfiance ! Si parfois, on peut s’amuser en apprenant, l’école n’est pas un espace ludique), il y a tout ce qui concerne la curiosité des élèves (en quoi les intéresse-t-on, au collège, en particulier ?) et l’appétence aux interactions qu’ils peuvent avoir...
    De quoi innover, je pense, dans les pratiques enseignantes...

    Dans un second lieu, il faut reconnaître que les expérimentations visant à promouvoir l’innovation ont souvent laissé un goût amer à ceux qui s’y sont lancés... Réseaux Ambition Réussite : des enseignants référents, motivés et le plus souvent passionnés... au début !
    Et la "machine" reprend ses droits : les chefs d’établissement changent, les façons de piloter aussi, les perspectives à l’issue du dispositif sont nébuleuses...
    ECLAIR ? Il en va de même... j’y ai surtout vu un changement de nom, pour appeler différemment les RAR...
    Dans les uns et les autres, de belles choses ont eu lieu - mais elles n’ont pas essaimé !

    Pourquoi ?

    Il faut de la motivation et de l’énergie aux équipes enseignantes pour inviter, parfois (souvent ?), leur hiérarchie de proximité, leurs collègues aussi, et même les élèves (qu’ils sont conservateurs, nos jeunes !) à "voir différemment"... à comprendre que l’école n’est pas un "travail" au sens étymologique du terme (tripallium : le triple pal - ça laisse songeur !) mais un réel lieu d’élévation et de plaisir.

    J’ai lu avec énormément de plaisir (justement !) la circulaire de rentrée, d’avril dernier, où les termes de "soin" (au sens du "care" anglo-saxon) et de "bien-être" apparaissaient de façon récurrente...

    C’est peut-être là, que se situe l’innovation : faire de l’école un lieu où l’on se sente bien, où se trouvent des enseignants experts et reconnus comme tels, capables d’apporter aux élèves un savoir à la fois spécialisé, mais également ouvert sur un monde qui change.

    Voilà pour ce commentaire sans doute trop long - c’est peut-être l’atmosphère de la pré-rentrée qui me gagne !

    Amicalement,

    D.
    (ancien professeur référent en RAR)

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