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Gestes professionnels. Un scénario partagé
Quatre RRS de la Drôme sont concernés par le chantier "apprenance". Une formation construite à partir de l’analyse de séquences filmées en classe. L’équipe de l’école Pracontal s’est lancée dans l’expérience.
Dès le départ des élèves, la salle des maitres de l’école élémentaire Pracontal à Montélimar redevient vite le cœur de l’établissement. Ce jour là, c’est une bonne douzaine de personnes qui échangent des souvenirs de leurs vacances de printemps, calent les échéances importantes de la dernière période de classe tout en réchauffant leur repas. Et parlent du travail de formation sur l’apprenance dans lequel ils sont engagés depuis l’année dernière. « C’est le projet sciences qui nous a fait démarrer, commence Claire, on a filmé des séances dans certaines classes, et des entretiens d’explicitation avec quelques élèves ». « Les vidéos mettent bien en évidence le décalage entre nos intentions et ce que les élèves en perçoivent » poursuit Marie. « Certains coupent, collent mais ne savent pas pourquoi » ajoute Stéphanie. « De notre côté, on pense souvent utiliser des mots simples mais les élèves ne les comprennent pas. » Ces premières remarques ont été retraitées en stage RRS. « On a cherché comment avoir une pédagogie plus explicite et des pistes pour déminer les consignes » explique Laurent.
Un projet départemental
Le principe de la formation est là : analyser des séances de classe, identifier ce qui peut faire obstacle aux apprentissages puis « chercher des dispositifs pédagogiques adaptés qui puissent s’inclure dans la pratique de la classe quotidienne ». Sylvain Joly, l’IEN chargé de mission RRS et Ariane Perche, CPD RRS, ont mis la formule en place dans quatre réseaux différents de la Drôme. Elle articule des temps de travail en équipe, des modules de formation offrant des ressources plus théoriques ou
didactiques et un accompagnement. Une volonté de promouvoir « une pédagogie ascendante qui tient compte des effets de nos gestes professionnels sur les
apprentissages des élèves plutôt qu’une pratique descendante visant un élève virtuel. »
A Pracontal, les vidéos ont ainsi questionné l’entrée dans la tâche et l’équipe teste le « sas d’entrée dans l’activité », un temps ritualisé de 5 à 10 minutes pour démarrer les activités avec les élèves les plus fragiles. La formation est appréciée : « on a maintenant un langage commun » disent les enseignants qui ont aussi le sentiment que les spécificités de leur école et de leurs élèves sont prises en compte. Mais 6 heures d’animations pédagogiques et 2 jours de stage dégagés pour cette formation, c’est trop peu. Du coup « on fuit un peu les animations trop institutionnelles pour celles qui sont en lien avec le projet ». Pour Betty Carillo, la directrice très impliquée, la stabilité de l’équipe et ses habitudes de travail collaboratif
ont facilité le démarrage du projet mais le temps et l’accompagnement sont indispensables pour avancer. Elle regretterait presque son départ prochain à
la retraite qui l’empêchera de le voir se développer.
Extrait de Fenêtres sur cours n° 383 du 20.05.2013
Gestes professionnels. Un scénario partagé (29 pages, p. 14)