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« Borloo fait le travail de l’Education nationale »

26 août 2005

Extrait de «  Libération » du 25/08/05 : Borloo, trésorier de l’Education nationale

Sur le papier, au moins, le dispositif de lutte contre l’échec scolaire le plus spectaculaire depuis le retour de la droite au pouvoir n’est pas porté par l’Education nationale, mais par le ministre de l’Emploi, Jean-Louis Borloo. Ce dernier doit détailler ce matin en Conseil des ministres les volets 15 et 16 de sa loi de cohésion sociale, dévolus aux « dispositifs de réussite éducative ».
Pas question évidemment de laisser dire que Borloo fait le travail de l’Education nationale ; le ministre insiste sur le fait que ses actions « s’arrêtent à la porte de l’école ». Il n’empêche : budgétairement et méthodologiquement, ni Luc Ferry ni François Fillon ¬ qui avaient pourtant fait de la lutte contre l’échec la colonne vertébrale de leurs discours ¬ n’avaient été aussi loin.

Promesses. D’abord parce que Borloo annonce un investissement que l’Education nationale ne peut s’autoriser : 1,4 milliard d’euros sur cinq ans, à savoir, selon Borloo, « deux fois plus que tout le budget de la politique de la Ville du gouvernement Jospin ». Pour l’heure, 31 millions d’euros « seulement » ont été engagés, mais la circulaire appelant à la constitution « d’équipes de réussite éducative » n’est sortie que fin juin. Or plus de 200 projets sont déjà remontés, au coeur de l’été, qui concerneront dès cette année 60 000 enfants et adolescents de 2 à 16 ans. A ce rythme, l’objectif de 750 projets d’ici à 2009 devrait être atteint facilement ¬ à condition que le budget suive, ce qui n’est jamais garanti avec Borloo.
Usage de la manne promise : apporter un « soutien individualisé aux jeunes en fragilité en prenant en compte la globalité de leurs difficultés scolaires, sanitaires et sociales ». Ce qui, selon Borloo, pourra passer par des aides très immédiates : « Quand un enfant a besoin de voir un ophtalmo et qu’il faut faire 50 km pour avoir un rendez-vous rapide, on lui paiera le déplacement et la visite. »
Qui gérera ces financements ? Des équipes pluridisciplinaires ad hoc, composées de professionnels en activité (éducateurs, pédiatres, psychologues, orthophonistes, nutritionnistes, etc.) dépendant de structures existantes (Education nationale, caisses d’allocations familiales, collectivités, organismes de santé publique, offices HLM, etc.) qui se fixeront des objectifs qualitatifs précis. Le financement moyen devrait être de 500 000 euros par équipe.
Pas question pour autant d’imposer des quotas et des méthodes d’en haut : le passage d’une logique territoriale à une logique d’aide individualisée impose de pouvoir faire de la dentelle. D’où le « contrat de confiance » que Borloo propose aux équipes : « On vous donne l’argent ; utilisez-le au mieux pour les enfants, et on contrôlera a posteriori. »

Le choix de cette formule repose sur une conviction que Borloo a forgée voici plusieurs années : « J’étais alors maire de Valenciennes ; une maîtresse m’avait expliqué qu’elle savait dès le jour de la rentrée quels élèves risquaient de décrocher faute d’un environnement suffisamment protecteur ¬ en matière de santé, de logement, de maîtrise de la langue, etc. ».

Il y a deux ans, Borloo découvre dans le Colorado (Etats-Unis) le Perry Preschool Project. Créé en 1962, ce programme de soutien aux enfants et aux familles défavorisées aurait si bien fait ses preuves que le Nobel d’économie James J. Heckman estime que chaque dollar investi pour assurer un minimum de bien-être à un enfant défavorisé aurait permis à la collectivité d’en économiser 17 dans les trente-cinq années suivantes ¬ en dépenses d’insertion, de santé, de justice, etc. La religion de Borloo est faite : « Concentrer des moyens sur les enfants fragiles, le plus tôt possible, donne des résultats spectaculaires. »

(...)

Emmanuel Davidenkoff

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