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Extrait de Clicanoo , le journal de l’Ile de La Réunion : « Embouteillage chez les tout-petits »
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7,8 % des enfants de 2 ans scolarisés
Avec un effectif moyen de 29 bambins par classe, la directrice a peur que les élèves subissent les conséquences d’un manque d’attention dans l’assimilation des connaissances. “29 c’est trop. Ça veut dire moins de temps personnalisé, plus de bruit. C’est aussi beaucoup de fatigue pour les enseignants et les enfants.” La norme académique fixe à 30 le nombre d’élèves pour une classe de maternelle, 28 en ZEP.
“C’est énorme 30 ! considère Jean-François Rialhe, secrétaire général du syndicat enseignant UNSA. C’est beaucoup trop pour faire du bon travail, la qualité de l’enseignement en pâtit forcément. Le chiffre idéal à atteindre serait 25.” Un propos soutenu par une institutrice de moyenne section : “Que chacun prenne la parole pour apprendre le langage est indispensable à cet âge, mais avec des classes aussi nombreuses, c’est difficile de donner du temps à chacun.” Pour Michel Dieulivol, inspecteur académique adjoint, “il n’y a pas de classe surchargée à la Réunion puisque au-delà de cette norme administrative il y a ouverture de classe”. Il ne faut pourtant pas chercher longtemps avant de trouver une école accueillant plus de trente élèves dans une classe. “J’ai eu 31 élèves une fois, explique une directrice d’école de Sainte-Clotilde.
C’est beaucoup trop.
Cette rentrée nous avons 29 élèves par classe et elles sont toutes à double niveau. Ce n’est pas simple à gérer si on veut tenir compte du rythme de chacun.” 45 942 élèves intègrent cette année la maternelle soit +0,7% par rapport à l’année dernière. Pour suivre l’évolution démographique, l’académie a créé 30 postes d’enseignants dans le premier degré (maternelles + primaires). Un chiffre insuffisant aux yeux de certains professeurs. “Il ne faut pas oublier qu’à la Réunion chaque enseignant a la chance d’être doté d’un ASEM (agent territorial de service des écoles maternelles), rappelle Michel Dieulivol. Il semble malgré tout y avoir une inadéquation entre les capacités d’accueil et la demande des familles. Ainsi, on recense chaque année une poignée de cas d’enfants non scolarisés faute de place.
Pourtant, le rectorat a une obligation morale de scolariser tout enfant de plus de trois ans dont les parents font la demande, même si l’école n’est obligatoire qu’à partir de 6 ans. Les plus lésés dans cette histoire restent les enfants de 2 ans. Dans l’école maternelle de Bois-de-Nèfles, on refuse systématiquement les élèves de cet âge car les effectifs sont déjà au complet. Si la scolarisation précoce - une particularité française - n’a rien d’obligatoire, elle reste peu généralisée à la Réunion (7,8% contre plus de 30 % en métropole). “On ne va pas dans le sens du progrès, regrette Jean-François Rialhe. C’est dû au manque de volonté académique. Il faudrait plus de structures pour accueillir les enfants de 2 ans.” Côté rectorat, on se défend de répondre à une hausse démographique par une baisse de la scolarisation en maternelle, comme l’explique Michel Dieulivol : “Les demandes de scolarisation précoce se font dans les milieux favorisés alors qu’on essaye de privilégier l’accueil des 2 ans en ZEP.”
Personne ne semble donc contenté pour cette rentrée.
Marie Payrard