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(Note : des actions en lycée ex-DERS : pourraient être signalées dans la fiche ?)
(Construire sur l’ENT un index multimédia pour lire un roman de Zola lycée ex-Ders Le Mans sud
Miguel Degoulet, professeur au lycée Le Mans-Sud,)
Mener une réflexion sensible sur le travail de la mémoire
Collège RRS Jean-baptiste Clément, Paris 20e
Yael Boublil enseigne le français au collège Jean-Baptiste Clément dans le XXème arrondissement à Paris : elle présente dans son atelier un parcours qu’elle a mené en troisième autour de l’écriture autobiographique (de Georges Perec aux œuvres numériques les plus contemporaines) et d’une problématique centrale (la difficulté de se souvenir.)
La séquence commence par explorer une histoire des genres de l’intime : un diaporama comprenant des extraits de dix textes sans aucune référence est confié aux élèves ; ils doivent compléter chaque diapositive par l’auteur, le titre, la date de première publication et une courte biographie de l’auteur ; une fois toutes les diapositives traitées, il s’agit de proposer un classement des œuvres ; lors de la correction du travail au TNI, on définit les différentes spécificités des genres autobiographiques (en présentant le site de Philippe Lejeune « Autopacte ») et on mutualise les stratégies de recherches efficaces trouvées (saisie d’un extrait du texte, recherche dans les articles « autobiographie », etc.)
La séquence se prolonge par des travaux d’écriture : des « Topito » (le Top 5 des choses qu’on aime) et des « Je me souviens » à la manière de Perec, oralisés façon Sami Frey et publiés sur le blog de classe. L’obsession de la liste ainsi mise au jour, on propose aux élèves d’approfondir leur connaissance de Perec, notamment à travers la lecture analytique des premiers chapitres de « W ou le souvenir d’enfance ». Le dispositif narratif, original, est mis en relation avec une œuvre numérique, le « Tramway » d’Alexandra Saemmer : les élèves vont dans un premier temps s’y perdre seuls (« Les élèves sont encore plus déstabilisés par ces fragments qui s’ouvrent aléatoirement au clic sans réussir à saisir le sens global de l’œuvre, qui disparaît sous leurs yeux. Leurs itinéraires décrivent le sentiment d’absurdité que leur donne le dispositif numérique dans sa répétition aléatoire, presque désincarnée. »), puis l’œuvre est explorée collectivement en classe, avec le stylet du TBI pour chorégraphier l’itinéraire et en éclairer le sens, accéder à la problématique du deuil.
L’évaluation finale, qui porte sur la lecture d’une œuvre numérique de Serge Bouchardon, a le pouvoir magique de ressusciter la dynamique de travail et de découverte : « La lecture de Déprise est menée au TNI sur deux heures consécutives, avec des temps de mise en voix des textes. Les questions sur la langue alternent avec la description des dispositifs et de leurs effets sur le lecteur. Les élèves sont dans une situation d’évaluation on ne peut plus classique, répondant à des questions écrites sur une feuille de copie, après plusieurs diffusions de l’œuvre. Cependant, les regards s’illuminent et les élèves se penchent avec attention sur le dispositif qui varie à chacun des six chapitres de l’œuvre. Ils tentent de restituer leur expérience d’utilisateur : le côté numérique virtuose de l’ouvre les impressionne, le chapitre sur la relation père-fils les questionne sur leurs propres relations avec leurs parents.
À la fin de l’évaluation, ils demandent à découvrir avec moi les autres œuvres disponibles sur le site de l’auteur. « Ce serait trop bien de le rencontrer, Madame ! » me suggèrent certains élèves. » La rencontre est soigneusement préparée : « Chacun propose au moins cinq questions qui sont ensuite classées (en hommage à Georges Perec) et mises en scène dans un Prezi (en hommage à Alexandra Saemmer), dans un dispositif quasi aléatoire. » Durant la rencontre, les élèves iront jusqu’à faire dédicacer leurs copies à l’auteur et les échanges avec Serge Bouchardon se poursuivront au-delà, via mail, autour d’un nouveau texte par lui publié : « Pour la première fois, en me faisant scribe de leurs questions, je mesure les progrès faits depuis la séquence et la maturation de leur regard sur les œuvres numériques. »
Cet itinéraire pédagogique s’avère particulièrement « enrichissant » selon Yaël Boublil : « Les élèves ont compris ce qu’est un dispositif narratif, ils ont perçu que l’écriture est une forme de programmation intentionnelle des effets. » Il apparaît même comme « émouvant », par la résonance intime de certains textes abordés, par la rencontre vraie avec Serge Bouchardon, par les dispositifs même de lecture qu’induit la littérature numérique : elle invite à des gestes qui construisent un parcours dynamique dans l’œuvre et appelle aussi la médiation de la voix. Ce que le projet de Yael Boublil éclaire, comme ceux de beaucoup des enseignants présents au séminaire, c’est bien alors la capacité qu’offre le numérique de réincarner et réenchanter la littérature, d’en faire l’espace retrouvé tout à la fois d’une expérience et d’une performance.
Fiche n° 4 de la brochure Eduscol 2012, p. 30-35)
Extrait de L’Expresso du 22.11.2012 : PNF Lettres : 3 La refondation du français à l’ère du numérique
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