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"Parcours de formation en ZEP, roman autobiographique", de Dominique Seghetchian (Lettre de l’AFEF n° 21, sept. 2012)

17 octobre 2012

Parcours de formation en ZEP, roman autobiographique

La proximité de la prochaine rencontre-débat organisée par l’AFEF le 13 octobre m’a incitée à jeter un regard rétrospectif sur les 14 années passées dans un collège qui accueille les élèves de la ZUP voisine, un collège déjà stigmatisé lorsque j’y suis arrivée en septembre 1997. Sous l’impulsion de deux principaux dynamiques, les enseignants étaient très accoutumés au travail d’équipe, y compris à la co-animation de cours ou d’« ateliers », et investis dans une démarche de formation continue. Je l’étais aussi, mais ma quête de formation s’est trouvée orientée par des rencontres, plus ou moins problématiques, avec des élèves de ces milieux populaires. Chacun d’eux, à travers ses difficultés et ses réussites spécifiques, a fait évoluer mes interrogations, ma quête d’explications et de pistes à explorer, ma démarche de formation permanente. [...]

Constamment de nouvelles voies de questionnement s’ouvrent devant moi. J’en suis arrivée à la conviction que si, dans le cadre de la Rénovation à venir, on voulait vraiment donner aux élèves des milieux populaires des enseignants susceptibles de les accompagner, de les guider vers la réussite, si on voulait vraiment faire de l’école un instrument de démocratisation, on donnerait aux enseignants de ces quartiers obligation et carte blanche pour se former, avec la contrainte de régulièrement produire des écrits –individuels et/ou collectifs- sur le rapport et l’impact de ces formations sur leurs pratiques. Obligation parce que sans formation permanente on devient plus tôt qu’ailleurs un enseignant en difficulté c’est-à-dire un enseignant qui met ses élèves en difficulté. Et carte blanche car les pilotes ignorent tout de ce qui se passe dans les soutes et que la relation pédagogique est faite d’un ensemble d’interactions personnelles qui ne se planifient pas dans les bureaux. Contrainte de produire des écrits pour mettre à distance et mettre en travail afin de décontextualiser aussi bien les constats que les apprentissages afin de les transformer en savoir-faire et de partager ceux-ci. Contrainte d’écrire parce que c’est aussi ce qu’on impose à nos élèves, contrainte d’écrire parce qu’ainsi l’évaluation de la formation cesse d’être de la suspicion et alimente la connaissance des besoins et des ressources de l’école.

Extrait du site de l’AFEF (Association Française des Enseignants de Français) du 26.09.2012 : "Parcours de formation en ZEP, roman autobiographique", de Dominique SEGHETCHIAN

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