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B* Une expérimentation de co-intervention en classe de 6è dans un collège ECLAIR à Nîmes

20 juillet 2012

La co-intervention en classe de 6è,
collège ECLAIR = Diderot à Nîmes

Nombre d’élèves et niveau concerné : Une classe de 6è : 11 élèves

Dans un objectif d’amélioration des résultats en classe de 6è au sein d’un collège ECLAIR, une classe à projet a été créée de façon à travailler au plus près des besoins des élèves qui rencontrent de très grandes difficultés. Cette classe rassemble 11 élèves qui étaient en échec scolaire en CM2 et dont l’orientation en collège était préoccupante.
L’équipe pédagogique en charge de cette classe est volontaire et participe aux projets menés notamment avec la section SEGPA du collège. Nous avons constaté chez ces élèves des difficultés au niveau de la production écrite, de l’acquisition du lexique et de la maîtrise de la langue, ainsi que des difficultés d’organisation et de confiance en soi. Nous avons élaboré un fonctionnement particulier qui permettrait de travailler autrement les notions et le lexique abordés en français et en histoire géographie. Nous avons pour cela mis en place des heures de co-intervention au cours desquelles deux professeurs de deux matières différentes interviennent pour travailler le lexique et les capacités transversales.

Plus-value de l’action
Motivation, mise en confiance, autonomie des élèves en très grande difficulté. Travail en co-intervention français/histoire/géographie/éducation civique qui permet de créer des passerelles entre différentes matières.

A l’origine
Les enfants rassemblés dans cette classe de 6ème spécifique d’un établissement ECLAIR présentent une faible aptitude à la scolarité. La plupart rencontre des difficultés familiales graves. Ces situations justifient le faible effectif de la classe et la forte présence des adultes. En CM2, les élèves de la classe de 6è concernée par le projet avaient déjà été pris en charge de façon spécifique, notamment par le maître du RASED. Ils bénéficiaient d’un soutien particulier (PPRE) et étaient intégrés à un projet innovant. Ils ont tous obtenu de faibles résultats aux évaluations CM2 en français.
Il existe une importante collaboration entre le 1er et le 2nd degré dans notre secteur ; nous avons continué à profit le travail mené au primaire sur la prévention du décrochage scolaire et la prise en charge de la difficulté. Ces élèves avaient aussi 1h par semaine un cours en co-intervention : leur maître animait en effet un cours de géographie ou d’histoire avec le professeur d’histoire géographie référent du collège. Ces élèves ont pu ainsi se familiariser avec un enseignant du secondaire et ils ont travaillé différemment certaines notions. De plus, il y avait une continuité CM2-6ème dans un projet « métier de l’élève » : autonomie, responsabilité, assiduité, gestion du matériel et des règles de vie de classe.

Par ailleurs, au collège, nous constatons que les élèves acquièrent des compétences lexicales qui restent très cloisonnées et ils ne parviennent pas à réutiliser le vocabulaire acquis d’une discipline à l’autre. Ils semblent tout oublier lorsqu’ils quittent un cours, passent à une autre matière et changent de professeur. Cela leur pose des problèmes d’organisation, ils se découragent, manquent de confiance en eux et paraissent perdus dans ce système d’apprentissage si éloigné de ce qu’ils avaient connu jusqu’alors.
Nous nous sommes demandé comment permettre à nos élèves de concevoir l’acquisition de leurs compétences dans une perspective d’apprentissage plus globale en faisant des liens entre les différentes disciplines enseignées au collège. Nous avons essayé d’identifier les problèmes rencontrés par les élèves de 6ème en français, histoire, géographie et éducation civique afin de mettre en place un dispositif spécifique. Nous avons axé notre réflexion et notre travail sur l’apprentissage du lexique, car cela nous semblait être la principale cause d’échec.

Objectifs poursuivis

1. Au niveau des élèves

  • Organiser son travail et son emploi du temps
  • Réinvestir le lexique acquis en français, histoire, géographie, éducation civique et réciproquement
  • Améliorer sa propre image (confiance en soi)
  • Etre autonome et avoir des initiatives

2. Au niveau de l’équipe pédagogique

  • Inciter à travailler en équipe (construction d’outils et de référentiels communs)
  • Croiser les regards sur les élèves (travail avec d’autres élèves que les siens, travail en groupes réduits)
  • Mener une réflexion sur l’interdisciplinarité et sa mise en œuvre dans l’apprentissage du vocabulaire (consignes, polysémie des mots, mémorisation du lexique)
  • Mettre en place un dispositif de co-animation et de co-intervention : deux enseignantes de matières différentes pour mettre en œuvre un cours commun. Dans le cadre de la co-animation, il s’agit d’utiliser deux professeurs pour mener à bien une activité (ex : production d’écrit) ; la co-intervention laissait à chaque enseignante un temps pour sa propre discipline (ex : utilisation du lexique, travail sur un document).
  • Expérimenter à l’échelle d’une classe un dispositif nouveau d’apprentissage qui pourra ensuite conduire à un travail transdisciplinaire plus large.

3. Au niveau de l’établissement

  • Développer la liaison CM2-6ème
  • Développer les liens entre les équipes du 1er et 2nd degré (rencontres avec l’équipe éducative, psychologue scolaire, médecin scolaire)
  • Développer le travail en transversalité

Description
Nous avons axé notre travail autour de deux matières. Il ne s’agit pas de gommer les spécificités de ces enseignements, mais de montrer qu’elles peuvent être complémentaires et de les appréhender dans leur globalité. De fait, nous conservons le lexique et les savoir-faire propres à chaque discipline mais nous construisons avec les élèves des capacités transversales. Deux fois par mois, nous menons une séance en co-intervention, que nous réutilisons ensuite dans nos matières respectives. C’est l’occasion de réutiliser le lexique appris lors de ces séances, par exemple si la séance porte sur la notion de « contrainte », en français, les élèves reprennent les contraintes d’écriture (écrire un texte en utilisant la typologie du dialogue) ; en géographie, les élèves construisent une trace écrite avec une contrainte (comment les hommes vivent-ils avec les contraintes du volcanisme).

Nous n’avons pas obtenu d’heure supplémentaire pour la co-intervention dans nos emplois du temps, aussi avons nous dû prendre des heures sur les cours de français et d’histoire géographie. L’encadrement des élèves par trois adultes (deux professeurs et une assistante pédagogique) s’explique par les difficultés de concentration des enfants qui ont besoin d’entendre les consignes répétées à plusieurs reprises, ou qui rencontrent des difficultés de compréhension. D’ailleurs, les élèves sont systématiquement invités à formuler des phrases structurées et complètes, à l’écrit comme à l’oral, à la fois pour témoigner de leur bonne compréhension des phénomènes étudiés et pour parfaire leur apprentissage de la maîtrise de la langue.
Lors des séances en co-intervention, de nouvelles notions lexicales sont abordées et elles doivent ensuite être réinvesties dans les deux matières. Les élèves ont avec eux leur matériel de français (classeur, manuel, livre), et leur matériel d’histoire-géographie (cahier, documents). Nous travaillons à la fois sur les documents de français et ceux d’histoire-géographie. Ainsi, les élèves font des allers retours entre les différents supports. Pour faciliter la concentration et l’autonomie, nous avons régulièrement recours aux TICE (utilisation systématique du vidéoprojecteur, séances en salle informatique, construction de diaporamas…). Cela nécessite de leur part d’être attentifs au déroulement du cours, de différencier les supports, et de s’apercevoir qu’il est possible de se servir de l’un ou de l’autre simultanément. Tel mot appris en français peut être utile en histoire, telle façon d’analyser un document peut servir le cours de français. Par exemple, décrire un paysage ou réaliser un croquis d’organisation d’un territoire peut être réinvesti dans un écrit littéraire qui requiert une organisation et des contraintes d’écritures.
A chaque séance, les professeurs font alterner rapidement les phases de réflexion collective et les moments de travail personnel autonome. Cette alternance se concrétise par une production écrite (résumé de la séance sur le cahier et travaux d’écriture reprenant le lexique abordé) et une construction orale (phrases construites, argumentées et illustrées pour répondre aux questions sur les documents). Les séances sont adaptées au niveau de compétence, aux difficultés et aux capacités des élèves. Nous suivons une progression commune et avons des objectifs communs (annexe 1) de façon à travailler de concert certaines notions de nos programmes de français, histoire et géographie, éducation civique. [...]

Effets constatés

Sur les acquis des élèves :
Nous constatons que la participation est très satisfaisante lors de chaque séance en co-intervention. Les élèves travaillent en confiance et avec davantage de motivation. Les faibles effectifs et l’utilisation de supports adaptés aux difficultés des élèves les encouragent à participer. Les résultats aux évaluations sont satisfaisants et en progrès : les élèves parviennent à réinvestir ce qu’ils ont appris lors des cours en co-intervention : acquis méthodologiques (utilisation des différents supports, reformulation des phrases écrites et orales, bonne compréhension des consignes, etc.), acquis lexicaux (transversaux et disciplinaires). Nous observons aussi que l’autonomie et la confiance en soi sont accrues (bonne participation, investissement dans les activités proposées, respect des règles de prise de parole).

Sur les pratiques des enseignants :
Ce projet a permis à l’équipe de prendre conscience des bénéfices du travail en commun. De plus, les regards croisés sur les élèves et leurs parcours scolaires nous ont aidés à mieux appréhender leurs difficultés, et à élaborer plus efficacement un projet d’orientation pour nos élèves.
Nous avons en effet constitué 5 dossiers d’orientation en SEGPA. Nous avons aussi appris à construire de nouveaux outils de travail, à réguler, moduler, retravailler les séances que nous mettions en place, ce qui a été très enrichissant. Nous harmonisons nos pratiques pédagogiques et nos pratiques de gestion de classe. Nous avons une meilleure connaissance d’une discipline qui n’est pas celle que nous enseignons habituellement. Les leçons proposées présentaient un intérêt pédagogique par l’articulation qu’elles mettaient en œuvre entre les disciplines historique et littéraire. La production de discours était facilitée, le travail sur les représentations était plus facilement mené en articulant l’approche littéraire et historique ou géographique ou civique. La cohérence était accrue, permettant de passer dans la même heure de la compréhension d’une notion complexe à l’écriture autour de cette notion.
Le double regard disciplinaire permettait de rendre plus facile la maîtrise de certaines notions (par exemple, la contrainte : contrainte d’écriture et contrainte volcanique). La co-intervention était toujours préparée par un travail en français sur le lexique (exemple : le champ lexical du volcan, l’écriture du dialogue ou de la lettre).

Sur le leadership et les relations professionnelles :
Intérêt de l’équipe pédagogique pour ce projet : les élèves développent des savoir-faire qui sont réutilisés dans les différentes disciplines.

Sur l’école / l’établissement :
Projet porteur, rassurant et motivant pour les familles dont les enfants sont en grande difficulté depuis le 1er degré. L’établissement peut proposer une façon d’enseigner différente et pleine d’espoir.

Plus généralement, sur l’environnement :
Pas d’impact sur l’environnement.

Site : http://cardie.ac-montpellier.fr/

Recueil des projets innovants et expérimentaux p. 25

Extrait du site Expérithèque : La co-intervention en classe de 6è

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