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Le centre Alain Savary interroge l’éducation prioritaire : pédagogie, formation, rôle des pilotes, place laissée aux RRS, nominations dérogatoires en Eclair...

22 mai 2012

Depuis trente ans, l’Education Prioritaire tente de trouver des solutions aux difficultés des élèves qui y sont scolarisés. Mais en trente ans, les évolutions du pilotage politique ont plusieurs fois modifié les approches et les priorités. Aujourd’hui, quels leviers actionner pour réussir une nouvelle étape ?

« Individualisation », « personnalisation, « « innovation », « contractualisation », « expérimentation » : c’est autour de ces mots que s’est reconstruit, ces dernières années, l’univers sémantique de l’éducation prioritaire. La dernière décennie a vu le modèle de l’éducation prioritaire changer profondément : le modèle de « compensation », de « lutte contre les inégalités » a progressivement glissé vers « l’égalité des chances » puis vers la réponse « individualisée » à des « besoins spécifiques », au nom de la « diversité des talents ».

Pourtant, lors d’un récent séminaire organisé par la DGESCO, une participante rebaptisait les dernières lettres de l’acronyme ECLAIR : accompagner, impliquer, réconcilier. En direction des élèves comme du côté des professionnels, une piste féconde ? « Notre travail n’est pas de faire bouger les indicateurs, mais de former des élèves qui sachent des choses » résumait V. Bouysse, inspectrice générale.

[...] Est-ce une affaire de « différenciation » ou de « projet individuel » ? Ou est-ce d’abord un problème d’enseignement ? Est-on certain que l’Ecole enseigne à tous ce qu’elle requiert au fur et à mesure de l’élévation des exigences du curriculum ? Ne sous-estimons pas, expliquent nombre de chercheurs, que c’est une question de normes : quand les normes culturelles ou familiales sont loin de celles de l’école, il est alors impératif de ne pas laisser dans l’ombre ce qu’il y a à faire pour réussir.

[...] nous savons qu’il est vain de préconiser des « bonnes pratiques » sans aider les professionnels à développer des collectifs qui leur permettent sérieusement de mettre en débat leurs difficultés et leurs réussites. Sans un développement sans précédent de la formation, initiale et continue, et sans un approfondissement des relations entre la recherche et la formation, le métier d’enseignant ne pourra pas répondre au défi de la réussite de tous

[...] Notre expérience d’appui aux pilotes (inspecteurs, chefs d’établissements…), mais aussi à tous les métiers « intermédiaires » (coordonnateurs, référents, maitres surnuméraires, RASED…) nous montre que c’est sur ces métiers que repose souvent la responsabilité partagée de l’impulsion des dynamiques, des projets et des réussites des territoires.
Or, l’institution ne leur donne parfois que peu de moyens et d’espaces pour professionnaliser, mutualiser et confronter les savoirs professionnels des pilotes.

[...] Mais une des difficultés du pilotage de l’éducation prioritaire tient à sa définition : parle-t-on des lieux les plus difficiles, ou de tous les territoires où la concentration de familles en difficultés sociales augmente le nombre d’élèves « en difficulté » ? Nombre d’acteurs de l’éducation prioritaire ont milité pour la réduction du nombre de réseaux, lorsqu’on on a séparé les 250 RAR, dont certains sont devenus ECLAIR, des plus de 900 REP devenus RRS. Au nom de la concentration de l’action publique, on peut le comprendre.
Mais cependant, c’est dans ce qu’on continue d’appeler aujourd’hui RRS que se trouve la majorité des élèves qui constituent les 15% à 20% d’élèves qui sortent de l’école sans qualification. Le pilotage pédagogique de ces territoires est aujourd’hui plus que diffus,

[...] Pour sortir de la quadrature du cercle et éviter autant que possible les effets de seuil, il faut sans doute inventer des règles de dotation en postes et en moyens qui soit progressives, en fonction d’indicateurs à construire, dont les mobilisations locales doivent être un élément : on sait en effet que l’octroi de moyens supplémentaires ne crée pas automatiquement de dynamique. Un rééquilibrage du pilotage entre les différents acteurs (corps d’inspections, chefs d’établissements et coordonnateurs) en serait sans doute une des conditions, par des espaces de travail intermétiers qui développent le sentiment d’appartenance à un projet commun. De même, l’expérience des nominations dérogatoires au mouvement ordinaire (en ECLAIR), si elle est critiquée par des syndicats, a été saluée comme pouvant contribuer à des évolutions positives.

[...] Globalement, les territoires de l’Education Prioritaire sont parmi ceux qui conduisent à inventer de subtils équilibres entre le pilotage national, garantissant les moyens et les curriculums partagés, et l’autonomie locale pour inventer des dispositifs, susciter des projets et des organisations pédagogiques souples. Entre « logique de projet » et « logique de statut », le travail se modifie par ajustements successifs, pas par basculements brutaux. L’ignorer, explique F. Lantheaume, c’est s’exposer aux replis, à la fatigue et aux jugements négatifs sur son propre travail.

Extrait de centre-alain-savary.ens.fr du 22.05.12 : De quoi l’éducation prioritaire est-elle le nom ?

 

Note du QdZ : le directeur du centre Alain Savary, Patrick Picard, ouvrira la journée nationale de l’OZP le 2 juin 2012 avec un exposé suivi d’un débat sur le thème "Comment repérer, accompagner et évaluer l’innovation en éducation prioritaire ? L’expérience de l’IFE. Programme et inscription (gratuite)

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