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Qui peut mieux parler de la lutte contre l’échec scolaire que ceux qui l’affrontent dans ses pires formes au quotidien ? Philippe Goémé dirige le Pôle Innovant Lycéen de Paris (PIL), une structure pour décrocheurs. Il préside aussi la Fespi, une fédération de structures scolaires innovantes. Pour lui la solution passe par plus de bienveillance.
Comment un jeune arrive-t-il au PIL ?
Nos élèves sont des jeunes qui ont décroché en seconde ou en fin de troisième. Ils sont d’ailleurs de plus en plus jeunes. Il y a moitié de filles, non parce qu’elles décrochent autant que les garçons mais parce qu’elles sont plus aptes à raccrocher. D’une façon générale ce sont les jeunes les moins éloignés de l’école qui franchissent la porte. [...] Derrière un décrocheur il y a toujours la rupture d’un projet de vie, une fracture sociale parfois une fracture avec les parents.
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Comment peut-on ramener ces jeunes à l’Ecole ?
[...] Ca passe aussi par retisser des relations avec les parents. Et puis il y a le groupe de jeunes qui est très important aussi. Il porte.
Un dispositif qui individualise c’est coûteux ?
Ici il y a 13 professeurs pour 110 élèves. Il n’y a pas de CPE, de surveillants. On est donc dans un taux d’encadrement peu onéreux. Mais chaque professeur assure 8 demi journées de présence dans l’établissement avec 12 à 15 heures de cours. Le reste du temps est consacré au tutorat [...]
Pour lutter contre le décrochage que pourrait faire le prochain ministre ?
Il peut bien sur multiplier des structures comme la notre, à la fois pour accueillir les décrocheurs et pour faire tâche d’huile sur les établissements environnants. Il pourrait aussi créer des équipes académique d’aide qui aideraient les enseignants du CP à la terminale. Mais il y a aussi des changements culturels à faire. Il faut mettre plus de bienveillance dans le système éducatif. Ça veut dire aussi donner de la liberté aux équipes pédagogiques. [...]
Mais comment agir sur les mentalités ?
Il y a la formation des enseignants qui est bien sur à renforcer. Mais on peut aussi miser sur la tension ressentie par chaque enseignant entre le métier qu’il vit et celui qu’il a voulu faire. Avec l’autonomie des équipes on a là une force. Le tutorat est un autre levier [...]
Extrait de lexpresso du 10.02.2012 : Philippe Goémé : Lutter contre le décrochage au quotidien
Le Pôle Innovant Lycéen : un lycée de la deuxième chance