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Lettre ouverte des enseignants de la maternelle RAR Gounod à Saint-Etienne qui veulent poursuivre leur expérience de classes multi-âges avec l’équipe qui l’a initiée

19 mai 2011

LETTRE OUVERTE A L‘INSPECTEUR D’ACADEMIE DE LA LOIRE

Nous réclamons le droit d’innover
Sylvie Davier, Jean-Marc Hostachy, Nadine Pradel, Ghislaine Vigouroux, Yves Scanu

Depuis maintenant quinze ans, l’équipe enseignante de l’école maternelle Gounod, située dans un quartier de la périphérie stéphanoise classé réseau ambition réussite, dont les élèves sont principalement issus des milieux populaires, travaille de manière collaborative. Cette collaboration a sans nul doute favorisé, sous l’impulsion de deux IEN, le passage en école d’application toujours avec la même équipe. Forte de cette expérience, consciente de ses forces mais aussi de ses faiblesses, l’équipe fait le choix de prendre de nouvelles orientations pédagogiques.

Mai 2010, l’équipe, déjà mobilisée depuis plusieurs mois sur le nouveau projet d’école, inspirée par les travaux des mouvements pédagogiques (ICEM Freinet, GFEN et notamment Sylvain Connac qui a initié une telle expérience dans le quartier de la Paillade à Montpellier), décide de répartir les élèves en classe multi-âges.

Ainsi à la rentrée de septembre 2011, quatre classes multi-âges fonctionnent. L’axe principal du projet est de transformer le climat des classes en misant sur la coopération entre élèves. Les deux nouvelles enseignantes qui rejoignent l’équipe en place adhèrent pleinement au projet.

Sa mise en œuvre a nécessité une restructuration complète du fonctionnement, tant sur le plan pédagogique que sur le plan matériel. Les temps de concertations pour construire, réguler et harmoniser le travail dans les quatre classes ont été fortement accrus, nécessitant un investissement fort de chaque membre de l’équipe. Un effort considérable d’information des familles a été nécessaire pour les convaincre de la pertinence du projet. Monsieur l’Inspecteur d’Académie a validé le projet en exigeant un engagement moral de trois ans considérant qu’un tel projet devait, pour en mesurer les réels effets, durer le temps de la scolarité à l’école maternelle, ce qui implique pour nous la nécessaire stabilité de l’équipe de l’équipe sur ces 3 ans. Nous avons bien évidemment accepté.

Février 2011. Bien avant les opérations de mouvement, l’équipe interpelle donc Monsieur l’Inspecteur d’Académie pour lui rappeler cette nécessité et lui réclamer le maintien de l’équipe existante afin de pouvoir poursuivre l’expérimentation. Trois courriers resteront sans réponse à ce jour.
A l’occasion d’une rencontre fortuite, le directeur de l’école demande à être reçu. Monsieur l’Inspecteur d’Académie adjoint annonce que l’Inspecteur d’Académie refuse fermement tout traitement dérogatoire dans l’attribution des postes d’enseignants.

L’équipe pédagogique qui a sollicité une inspection d’équipe afin que l’institution prenne pleinement connaissance du projet, s’est dite prête à toutes visites d’experts, à mettre tous les documents produits à la disposition de l’administration, à apporter son concours à des équipes qui souhaiteraient s’engager dans les mêmes voies et à prendre en compte les conseils éventuellement donnés. La conduite d’une telle innovation peut permettre d’apporter une contribution à la réflexion pédagogique, à la mobilisation de l’intelligence collective, à la lutte pour l’amélioration de la réussite scolaire.
Dans les jours qui viennent, le mouvement des enseignants en sera à sa première phase. Deux, voire trois collègues risquent de devoir quitter l’école.
La première année d’expérimentation serait ainsi annihilée au mépris du travail effectué, de l’engagement des enseignants et de l’accord des parents. Nous avons la conviction, que repartir l’année prochaine avec de nouveaux collègues, sans bien sûr mettre en doute ni leurs compétences ni leurs qualités, au mieux, nécessiterait de repartir à zéro et compromettre cette première année d’expérience, au pire de mettre en péril le projet.
Pour les parents d’élèves que nous avons dû convaincre de la pertinence de cette expérience mais surtout pour les élèves, il nous semble incontournable d’obtenir un traitement dérogatoire aux règles habituelles du mouvement.

Il va de soi que nous réclamons bien un traitement dérogatoire exceptionnel et non pas de nouvelles règles de mutation qui se feraient sur profil. C’est la particularité de notre projet qui se traduit par une répartition des élèves inhabituelle et communément considérée comme source de difficultés qui nous semble rendre légitime notre demande ; Nous sollicitons donc : le maintien des collègues qui ont initié l’expérience. Notre demande est sans conséquence pour la gestion d’ensemble des postes du département.

La recherche pédagogique et l’innovation se trouvent ainsi condamnées au nom d’une stricte logique comptable à courte vue.
L’équipe pédagogique en appelle au soutien de tous les enseignants, des parents d’élèves, des syndicats, des mouvements d’éducation populaire, des élus, de tous ceux qui luttent pour l’avenir de l’école et plus largement à tous ceux qui considèrent qu’en la circonstance le droit d’innover doit être reconnu et permis à tous.
Elle a obtenu le s
outien de pédagogues et de spécialistes comme Pierre Frackowiak et André Ouzoulias.

Vous pouvez vous aussi apporter votre soutien à l’équipe, contribuer à la lutte pour le droit à l’innovation à l’Education Nationale, défendre notre école et soutenir notre projet en envoyant un message électronique à l’adresse suivante : : ce.0421529j@ac-lyon.fr

Cette information sera adressée à l’Inspecteur d’Académie, au Recteur, et éventuellement rendue publique par voie de presse.

Premiers signataires :
Pierre Frackowiack, Inspecteur honoraire de l’Education Nationale
André Ouzoulias, professeur IUFM (Université de Cergy-Pontoise).
Christian Alin, professeur université Lyon
Claude Lelièvre, Historien de l’éducation
Michel Blanc, ancien CPC généraliste de notre circonscription, DDEN
René Marion, ancien CPC EPS de notre circonscription, DDEN
Laurent Coulliard, PEMF, IUFM de Saint-Etienne
Jean-Luc Vérhilac, PEMF, IUFM de Saint-Etienne
Jean Perbet, référent GFEN Loire ou enseignant à ; ; ?

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1 Message

  • Maternelle RAR Gounod à Saint-Etienne

    10 novembre 2011 08:59, par Patrick

    Il parait nécessaire lorsque l’expérience apporte ces fruits de continuer dans la voie. Et cette lettre ouverte a le mérite d’étaler de manière concrète les chose. Évoluant souvent en tant que magicien Saint-Étienne en école maternelle, on se rend compte souvent du travail des institutrices. Qui n’est souvent pas trop reconnu. Maintenant grâce à internet les choses évoluent.

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