Azouz Begag pour la discrimination positive

11 mai 2005

Extrait du «  Monde » du 11.05.05 : portrait d’Azouz Begag, notable lyonnais

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De ce parcours personnel, il s’est forgé une certitude : l’intégration des immigrés et fils d’immigrés passe nécessairement par l’éducation. "Le premier problème des immigrés, ce sont leurs lacunes en français. Il leur faut habiter la langue avant même d’avoir un logement. Il faut donc multiplier les moyens dans les écoles des quartiers" , plaide-t-il. Lui n’a jamais connu ces lacunes. Amoureux des lettres, joueur des mots, Azouz Begag est venu à l’écriture par hasard en racontant le récit de ces années au bidonville dans Le Gone du Chaâba, paru en 1986 (le "gone" est un "gamin" dans la région lyonnaise ; le Chaâba, le bidonville dans lequel il a grandi).

"C’est un conteur-né, il a un don pour capter ses auditoires. C’est lui qui m’a appris à Prêcher" , raconte le père Christian Delorme, l’un des principaux initiateurs de la Marche pour l’égalité, en 1983.

En 1988, l’université Cornell de New York lui offrit pendant huit mois le statut de visiting professor, faisant de lui "le premier beur français à enseigner en Amérique". Habité par la figure de Martin Luther King, il revint de son séjour outre-Atlantique convaincu de la pertinence de la discrimination positive pour briser le mur de l’exclusion. Pendant vingt ans, il lutta en France pour imposer ce concept. Jusqu’à la nomination du préfet Aïssa Dermouche dans le Jura. "En parlant de la nomination d’un préfet musulman, Nicolas Sarkozy a tué volontairement la discrimination positive", accuse-t-il, amer.

Pour porter son combat, il s’en est remis à un autre ministre de l’intérieur, qu’il avait rencontré au Salon du livre de Brive-la-Gaillarde. En mai 2004, Dominique de Villepin lui confia une mission sur l’égalité des chances. Chroniqueur sur France-Culture et RTL, scénariste, essayiste, conférencier, membre du Conseil économique et social, le petit "gone" affiche une réussite flamboyante. Volontiers extraverti, éperdu de reconnaissance, l’homme agace parfois. Certains s’irritent de son "narcissisme" , d’autres de son "élitisme", lui reprochant d’être finalement coupé de la réalité des banlieues.

Avec l’âge, grâce, dit-il, au Père Delorme, l’impétueux a gagné en sagesse, se rapprochant de la philosophie du dénuement. Depuis deux ans, cet agnostique respecte le ramadan, "pour ne pas être dépendant de la bouffe".
Après un divorce difficile, il a décidé de ne plus "posséder" de biens matériels. Pour se ressourcer, il part régulièrement en pèlerinage en Inde ou fait retraite chez un couple d’amis, des néoruraux qui élèvent des chèvres dans le Midi, des amis qui sont ses "modèles de vie . Là-bas, avec ses deux filles, le romancier redevient "jardinier".

A Lyon, il s’est installé au coeur du quartier arabe, sa médina, qu’il rêve de transformer en souk. "Je me sens profondément lyonnais. Toutes mes odeurs, mes photos, mes images d’enfance sont ici."

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